Mohamed Ayachi Ajroudi vient de produire le film « Cendres » de Mehdi Ajroudi . Un film qui a nécessité de grands moyens de production et qui promet d’être original avec ses cascades dans le désert et son sujet peu évoqué dans le cinéma . Mais le propriétaire d’Al Janoubya est en train de développer de grands studios de tournage et de postproduction destinés à faire de la Tunisie une terre de tournage et développer, parallèlement, toute une activité économique dans les régions avec des techniciens de cinéma tunisiens . Il nous en parle dans cet entretien.
Vous venez de produire le film de Mehdi Ajroudi tourné avec une facture hollywoodienne dans le Sud tunisien, dont l’histoire se déroule à l’époque de la colonisation…
Ce film est une belle histoire. Cela se passe en Tunisie à l’époque de la colonisation française dans le Sud tunisien avec tout ce décor fait de sable et de pierre ocre où l’on retrouve le fennec et le faucon, ainsi que toute la vie du désert. On est presque une centaine de personnes sur le plateau avec une ambiance agréable et enfantine.
On voulait faire un film à l’américaine, donc, nous n’avons pas hésité à mettre les moyens nécessaires.
Ça a fait bouger la vie à Tozeur et Matmata .C’était une semaine très chargée qui nous a permis de lancer la machine pour d’autres films. Je pense que le cinéma en Tunisie peut devenir une industrie majeure, pour cela il faut travailler et mettre tous les moyens financiers et administratifs.
Vous venez également de lancer un projet à Hammamet qui est toute une cité dédiée aux tournages de films étrangers.
« Domaine des célébrités » est une cité de cinéma établie à Hammamet destinée à accueillir les tournages des grands films du cinéma international, des blockbusters et autres . Nous avons également édifié une écurie spécialement conçue pour les chevaux de tournage. L’un de nos chevaux a également participé à « l’Or noir » de Jean-Jacques Annaud.
Au « Domaine des célébrités», nous avons reçu des célébrités, notamment Antonio Banderas pour ne citer que celui-là. Ils se sont familiarisés avec nos chevaux avant le tournage. Des chevaux qui ont également participé à des films historiques. Il y a eu aussi de grands acteurs américains, tous ces gens représentent en quelque sorte des ambassadeurs pour la Tunisie en tant que terre de tournage. Nous avons construit des logements avec des suites bien équipées et réservées aux acteurs. Notre objectif, en invitant les grandes vedettes mondiales du cinéma, c’est aussi de développer un aspect économique à Hammamet où il y a une grande capacité hôtelière à redévelopper et motiver vers un tourisme de qualité lié aux noms célèbres et aux tournages qui se feront en Tunisie.
Depuis quand avez-vous lancé cette initiative ?
J’ai lancé cette idée entre 2007 et 2008 et j’ai commencé à inviter de grandes vedettes du cinéma international . Mais ces vedettes, réalisateurs et producteurs ne peuvent venir s’ils ne trouvent pas les moyens nécessaires aux tournages de leurs films, tels que des stations de montage des plus sophistiquées et une résidence où ils sont accueillis comme des amis ….Ce n’est pas du tout un concept hôtelier . Je tiens à rappeler que notre objectif est d’attirer des productions cinématographiques de très haut niveau . Et depuis toutes ces années, nous avons continué à tisser nos liens d’amitié et de confiance avec ces acteurs , ces réalisateurs ou ces producteurs étrangers . Nous avons voulu offrir tous les équipements nécessaires pour les producteurs étrangers de sorte qu’ils puissent tourner ici leurs films avec le matériel qu’ils demandent (son et images avec des techniciens tunisiens de très haut niveau ) et offrir tout le processus de la postproduction. Ainsi ils rentrent avec leur film dans un support numérique dans la main . Nous possédons aussi une antenne satellite installée avec l’aide de l’ONT et qui permet d’envoyer instantanément des épisodes d’un feuilleton ou un film partout dans le monde dès qu’il est prêt .
Comment avez-vous ramené ces grandes vedettes de cinéma en Tunisie ?
C’est grâce à mes relations internationales personnelles tissées au fil des années dans le cadre de mon univers professionnel international, en tant qu’industriel ou professionnel de l’audiovisuel.
Nous sommes, d’ailleurs, avec Al Janoubya, la seule chaîne arabe qui reste active à Hollywood.
Cela nous a permis de tisser tout ce réseau qu’on essaie d’attirer en Tunisie pour participer à l’essor d’une économie et d’une industrie du cinéma encore très timides chez nous . Nous entretenons aussi des relations d’amitié avec Warner Bross . Nous voulons faire prospérer la Tunisie en tant que terre de tournage . Je reste convaincu que ces grands noms du cinéma qui tournent en Tunisie peuvent participer à construire l’image d’un pays stable et, par voie de conséquence, attirer tout investisseur. Le marché du cinéma dans le monde compte environ plus de 600 milliards de dollars, la Tunisie pourrait être une petite goutte d’eau dans cet immense marché et ça ne peut être que bénéfique pour nos techniciens et nos régions qui sont dotées de décors naturels exceptionnels. Si on veut que la Tunisie se positionne dans ce marché, il faut mettre les moyens, c’est pour cela qu’on importe du matériel de haute technologie mais aussi des camions-voitures équipés qui répondent aux besoins des tournages de films militaires ou de science-fiction, et tant d’autres équipements spécifiques ( caméras, outils de son, lumières, etc.) . À ce stade, je dirai que nous avons besoin d’un soutien efficace avec participation et réactivité administrative de l’État tunisien pour pouvoir être performants et compétitifs et attirer la « crème » des tournages, dans notre beau pays.